Les décadents
Les Décadents
Par Ephraïm MikahëlLes personnes sages qui ne sont point dupes de grands mots incompréhensibles, et qui se connaissent en poésie bien mieux que les simples poètes, savent parfaitement que les Décadents ont tué la littérature française. Il est certain aussi, que ces assassins ont eu la lâcheté de ne point s’occire sur le cadavre de la victime et qu’ils écrivent encore.
Heureusement que le bon sens informe, assisté de son substitut l’Esprit français. D’honnêtes citoyens ont institué un comité de salut public où l’on peut aller dénoncer tous les écrivains suspects. C’est pourquoi, on vient de révéler que les bureaux de la Jeune France étaient un repaire de Décadents.
Mais le réquisitoire est vague, car le crime de décadence est mal défini par les codes.
Dans les opérettes et les féeries, on voit de splendides pirates vêtus d’un costume spécial, et des voleurs en uniforme. Hélas ! depuis le siècle des brigands d’opérette tout à bien changé. Aujourd’hui les brigands, escrocs et filous sont habillés comme vous et moi. – à moins qu’ils ne soient plus élégants, et les Décadents n’ont aucun signe qui puisse les faire reconnaître des foules.
Bah ! les critiques habiles ne s’embarrassent point pour si peu. Ces dangereux décadents se promènent par les rues sans grelot sonnant à leur cou, c’est vrai, mais les critiques les flairent de loin. Interrogez un chroniqueur et il vous répondra : « Les Décadents ! rien de plus facile à discerner : D’abord ils sont tous pessimistes ; ils aiment le symbole, ils donnent un soin puéril aux rythmes et aux mots, ils surchargent leurs vers de riches et bizarres métaphores, enfin, au lieu d’exprimer les sentiments de tout le monde, ils cherchent d’étranges raffinements auxquels je n’aurais jamais pensé. »
Tout cela est fort clair, mais je crains bien que le bon critique ne soit guère utile à ceux qui veulent trouver des Décadents : ce mot de pessimisme qu’il a prononcé a été depuis quelques temps le verbe magique qui fait couler les rivières d’encre ; notre siècle qui a inventé le feuilleton-roman, le linoleum et le suffrage universel n’a pas la gloire d’avoir inventé le pessimisme. Le prince çakya-mouni a vécu assez longtemps avant Arthur Schopenhauer. Et pour des poètes vraiment optimistes, je n’en vois point, à moins qu’on ne veuille octroyer un brevet de poète à Parny, à Béranger et à messieurs les chansonniers du Caveau qui prêchent sur les dogmes de Brillat-Savarin et confondent la poésie avec la Bénédectine, liqueur digestive, excellente après les repas. Lire la suite »
Par monts et vallées
Totally spies VS émile Z.
Après s’être égaré, pour ne pas dire fourvoyé, Zapzalap revient avec une émission à ne pas manquer !
Fidèles auditeurs, fidèles auditrices,
Pour fêter comme il se doit cette fin d’année, l’émission sans valeur marchande Zapzalap consacre une heure à ce symbole glorieux du capitalisme industriel, apparu à Paris à la fin du 19ème siècle : le grand magasin !
Pour ce faire, l’équipée zapzalapienne, que rien n’arrête, n’a pas hésité à prendre le risque de mélanger les genres, aussi mauvais soient-ils. Nous ouvrirons donc les hostilités par le montage d’un dessin animé aussi connu des chiards aliénés que des parents irresponsables: Totally Spies. Cette série télé d’animation franco-canadienne qui est un mélange hystérique de drôle de dames et de James bond nous narre les aventures de Sam, Clover et Alex, trois étudiantes de Beverly Hills qui sont en réalité trois espionnes
appartenant à une organisation secrète de protection de l’humanité (la World Office Of Human Protection). Dans l’épisode que nous diffusons ce soir, elles ont pour mission d’arrêter un groupe terroriste anti-consommation qui s’est donné pour objectif de détruire tous les grands magasins de la planète! Rhaaaaa !
Zapzalap, dans un élan de générosité cinéphilique, n’a pas pu s’empêcher, sous la forme d’un montage de 20 min, de vous faire partager cet épisode trépidant, plein d’actions et de rebondissements, éloge de la marchandise et de la consommation à destination des jeunes ouailles.
Mais, parce que les Totally Spies ne peuvent suffire à nous éclairer sur les origines des grands magasins, ces vitrines de l’Ogre capitaliste, symboles de la société spectaculaire marchande, nous convoquerons également philosophes et historiens, sans oublier l’incontournable Emile Z. et son « bonheur des dames ». Ceux-là nous montreront combien ce lieu est ambivalent puisque, destiné à l’origine à un public féminin bourgeois, ayant pour but de fasciner, de séduire, de divertir, il a tendance à susciter parmi certains homo sapiens un désir de destruction, aussi primaire que revigorant.
Nous dédicaçons cette émission aux caissiers et aux caissières, aux pilleurs et aux pilleuses, aux voleurs et aux voleuses, ainsi qu’à Tao Hsiao, un Chinois qui s’est suicidé au milieu du mois de décembre 2013, en sautant du 7ème étage d’un grand magasin, durant les soldes de Noël, parce que sa compagne, après 5h de shopping voulait continuer ses achats.
A bon entendeur!
L’équipée zapzalapienne
Tous les lundis, de 19h à 20h, sur Radio Campus 106,6fm
http://zapzalap.wordpress.com/
L’impossible homosexuel
L’impossible homosexuel – Huit essais de théorie queer
Lee Edelman
Candidat à l’intégration sociale, l’homosexuel est devenu une figure du possible, un personnage respectueux et respectable, un citoyen normal. Lee Edelman fait bien plutôt valoir que, paria politique et social, emblème du gaspillage, de la non-productivité et du non-sens, l’homosexuel est nécessairement et fatalement impossible. En présentifiant ainsi et pour tous l’impossibilité comme telle subvertit le privilège jusque-là réservé à l’hétérosexualité de s’ignorer elle-même.
L’œuvre d’Edelman a suscité la colère d’une droite homophobe autant que celle d’une gauche bien-pensante.
Carrelages
Du nouveau dans les vieilleries des âmes…
Les plus perspicaces d’entre vous auront noté quelques changements opérés ces derniers temps sur la page des âmes avec entre autres choses, la possibilité de télécharger quelques pdf, notamment ceux des productions épuisées (ça reste en construction, ce qui est un comble me direz vous pour une entreprise de démolition…). Et si tout va bien, il sera bientôt possible également de commander ici même (car le capitalisme ne connait pas de limite, hormis peut-être… mais bref !). En attendant, il faut toujours vous fendre d’un petit courriel à l’adresse suivante : contact-at-zamdatala.net. Vous ne pouvez pas imaginer comme ça nous fait plaisir de recevoir du courrier (plaisir de recevoir, joie d’offrir).
Gros bisous.
Les âmes, enfouies…
Un soleil dans la tête
Il y a deux ans disparaissait Jean-Jacques Lévêque. Reste « Un soleil dans la tête », son blog toujours consultable de nombreuses belles lectures (Pierre Louÿs, Paul Alexis, Desbordes, Gide, Char, Eluard, Zola, Miller, Rigaut, Salmon, D’Annunzio, Gautier et tant d’autres). Il y causait aussi de peinture. Beaucoup. Pour flâner donc.
Cliquez sur la photographie pour accéder au site….