L’expérience romanesque au XIXe siècle
Romanesques, 2013, n° 5 « L’expérience romanesque au XIXe siècle »
Etudes réunies par Catherine Mariette-Clot
Paris : Classiques Garnier, coll. « Romanesques », 2013.
Prix 24EUR
La revue Romanesques, semestrielle, a pour vocation d’explorer la notion de romanesque, à la croisée des interrogations sur la fiction, la lecture, l’histoire littéraire et la théorie des genres.
*Pied de bois
Je frissonne toujours, à l’aspect singulier
de certaine bottine ou de certain soulier.
Oui, — que pour me railler, vos épaules se haussent ! —
je frissonne ! Et soudain, songeant au pied qu’ils chaussent,
je me demande : « Est-il mécanique ou vivant ? »
Et je suis pas à pas le sujet, l’observant,
et cherchant l’appareil d’acier qui se dérobe
sous le pantalon fin ou sous la belle robe ;
et dès qu’il a relui, — maniaque aux abois,
sous le cuir élégant je flaire un pied de bois !
Maurice Rollinat
De l’être-humain mâle et femelle Lettre à P.J. Proudhon (1857)
De l’être-humain mâle et femelle Lettre à P.J. Proudhon (1857) par Joseph Déjacque
Qu’est-ce que l’homme ? rien. – Qu’est-ce que la femme ? rien. – Qu’est-ce que l’être-humain ? – TOUT.
Du fond de la Louisiane où m’a déporté le flux et le reflux de l’exil, j’ai pu lire dans un journal des Etats-Unis, la Revue de l’Ouest, un fragment de correspondance entre vous, P.J. Proudhon, et une dame d’Héricourt.
Les quelques mots de Madame d’Héricourt cités par ce journal me font craindre que l’antagoniste féminin ne soit pas de force – polémiquement parlant – à lutter avec son brutal et masculin adversaire.
Je ne connais rien de Madame d’Héricourt, ni de ses écrits, si elle écrit, ni de sa position dans le monde, ni de sa personne. Mais pour bien argumenter de la femme, comme pour bien argumenter de l’homme, l’esprit ne suffit pas : il faut avoir beaucoup vu et beaucoup médité. Il faudrait, je le crois, avoir senti ses passions personnelles se heurter à tous les angles de la société; depuis les cavernes de la misère jusqu’aux pics de la fortune; depuis les cimes argentées d’où s’ébranle en masse compacte l’avalanche du vice heureux, jusqu’au fond des ravins où roule la débauche souffreteuse. Alors, de ce caillou humain, ainsi frotté de choc en choc, la logique, cette étincelle de vérité, pourrait jaillir.
J’aimerais à voir traiter cette question de l’émancipation de la femme, par une femme ayant beaucoup aimé, et diversement aimé, et qui, par sa vie passée, tînt de l’aristocratie et du prolétariat, du prolétariat surtout; car la femme de la mansarde est plus à même de pénétrer par la vue et par la pensée au sein de la vie luxueuse officielle, ou secrète, de la grande dame, que la femme de salon n’est capable d’entrevoir la vie de privation, apparente ou cachée, de la fille du peuple. Lire la suite »
Paul Claudel, le nô et la synthèse des arts
Ayako Nishino, Paul Claudel, le nô et la synthèse des arts
Paris : Classiques Garnier, coll. « Études de littérature des XXe et XXIe siècles », 2013.
Présentation de l’éditeur :
Pendant son séjour diplomatique au Japon de 1921 à 1927, Paul Claudel rencontre le nô, une forme du théâtre traditionnel. Il y découvre ce qu’il imaginait pour une nouvelle forme de la synthèse des arts. Ce livre éclaire la manière originale dont il interprète et métamorphose le nô dans sa propre création.
« Cor(p)sages de femmes »
APPEL À CONTRIBUTION
LOGOSPHÈRE Nº 9 : « Cor(p)sages de femmes »
Coordinatrices : Nathalie Bléser et Mª Carmen Molina Romero
(Date limite de réception : 1er septembre 2013)
« Corps sage(s), corsage, corse, âge » ? Qu’elle est donc belle en son ambiguïté, cette langue française qu’ont en partage tant d’hommes et de femmes sur notre mère la terre ! Combien de possibles elle enserre en son sein, combien de sens, sentiers et secrets prêts à éclore au cœur de ses multiples signifiés ! Combien de sagesse tapie au creux de ce « corsage » qui en anglais évoque ce petit bouquet porté au poignet des jeunes filles sages au soir de leur premier bal… Comme notre langue fleure bon la sagesse obéissante ou spirituelle, de celles qui ont tant à donner. C’est dans cet esprit de volontaire foisonnement sémantique et thématique que le prochain numéro de la revue Logosphère vous invite à réfléchir.
À travers les âges, le corps de la femme a été une source inépuisable d’inspiration pour la création littéraire et artistique. Femme et corps constituent l’un des topoi littéraires, et même s’il n’apparaît pas dans toute sa plénitude comme, par exemple, dans le théâtre ou dans la danse, le corps, en son étroite liaison avec l’écriture, s’inscrirait comme phénomène inhérent non seulement à la littérature des femmes, mais représenterait également une particularité distinctive des textes de femmes.
Ce corps peut être envisagé comme un corps sage, tantôt parce qu’il participe de la sagesse féminine, corps en accord avec la nature et la terre nourricière, tantôt aussi en qualité de corps assujetti à des comportements sociaux réglés qui font de lui un corps docile entre les mains d’une culture patriarcale : femme maternelle, femme fatale, femme rusée, femme sage ou sage femme.
Le corps littéraire de la femme enfante des représentations avec lesquelles elle s’identifie ou contre lesquelles elle se rebelle. Le moment est venu de se libérer des corsages et des carcans littéraires à travers l’analyse de l’écriture de femmes ou des représentations de la femme. La littérature féminine cherche un nouvel ancrage ; elle revendique une nouvelle condition littéraire.
Des textes et des prétextes pour déambuler au gré de la géographie féminine, suivre la ligne de son corps dans une langue faite chair et écrite avec l’encre du coeur, découvrir les ramifications qui relient les textes de femmes, tel est l’objet de cette promenade qui, au fil de ce jeu polysémique, entend approfondir le concept de littérature-femme :
- Le corps féminin à travers les âges et les cultures : corps sacralisé, corps saccagé, corps spirituel, corps charnel.
- Les paysages féminins : une géographie du tendre.
- La sagesse féminine : une pensée vitale.
- Le corps sage des femmes : la femme rangée ou la femme en rupture.
- Les corsages littéraires féminins
- Textes de femmes, par les femmes et pour les femmes. La langue a-t-elle un genre ?
Les normes sont à consulter sur la page web du groupe de recherche :
http://grupoinveshum733.ugr.es/pages/logosphere/normas?lang=fr
Les articles, rédigés en français ou en espagnol, seront envoyés à:
cmolina@ugr.es : Mª Carmen Molina Romero
nbleser@ugr.es : Nathalie Bléser