Chose qu’on ne peut deviner
Chose qu’on ne peut deviner (183)
Difficile de dire si Mathieu Terence est un bon écrivain. A le lire, en tous cas, nous savons qu’il n’est pas excellent. Chair philosophale (108) n’est pas son premier ouvrage. Mais c’est le premier publié par Edwarda, la revue. Mathieu Terence est bon lorsqu’il parle de Hopper (140) : Il dessine aussi mal que Magritte sans avoir ses idées. Ses éclairages sont pris à De Chirico qui lui avait le mérite d’avoir vu arriver le flash atomique. En récitant le langage mondial du cinéma, il a déserté la peinture. Résultat : des tableaux à l’arrêt. Sa mélancolie convenue donne une fausse profondeur à la platitude de son point de vue. Ses femmes sont usées par le regard usé qu’il porte sur elles. Lui malheureusement a déserté la littérature, en récitant le langage mondial de la psychologie, et il n’est jamais aussi mauvais que lorsqu’il parle à la place des femmes. (Annabella Duende, sort de ce corps usurpé ! Trop bonne, tu as oubliée d’être mâle…) Terence a pourtant pansé la question. Chose qui met un homme et une femme au diapason (170) : Que la lesbienne en lui s’occupe de son saphisme à elle. Malheureusement, l’œuvre n’est pas au diapason de la sentence, vraie fausse note de l’ouvrage. Dommage car l’ensemble commençait plutôt bien : Chose qu’il est délicieux de chercher (6) : la solution à un problème qui n’a jamais existé. Mais les aphorismes relatifs à une hypothétique chose charnelle sont consternants. La chair ici n’a rien de philosophale, encore moins de banale, ça l’aurait sauvé. Non. La chair de Mathieu Terence est terriblement normale. Disons que nous aurions préféré un plan de prison à la platitude (l’applatitude ?) des lieux communs, car il contient au moins un plan d’évasion (189). Nous sommes ici au deuxième stade de la chose tragique (125) et une tasse de café qui saigne (137) ne suffira pas à rattraper la fin affreuse qui se joue dans cet horrible théâtre bourgeois. Rallumez la lumière ! Si les choses qui font un palais d’un taudis (9) sont l’obscurité et une bougie, celles qui font d’un taudis un palais se résument ici à la vulgarité des 26 euros qu’il vaut. Quel gâchis ! Il y a pourtant des taudis magnifiques. De rester taudis. La critique est peut-être lapidaire, mais nous savons que Mathieu Terence, qui est un homme d’expérience, s’en remettra, car il le dit lui même : On récolte mieux quand on a su que l’on était en train de semer (33).
ian geay
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24/03/2013