La Folie Baudelaire
Dans Libération du 17/11/11, on pouvait lire un article de Ph. Lançon sur La Folie Baudelaire :
Baudelaire hisse son pavillon noir
Trois ouvrages explorent les paysages du poète, sa langue, son influence et le lien avec sa mère
Une folie était une maison vouée aux plaisirs, des plus paisibles aux plus incertains. Elle se trouvait au bout du parc ou du jardin. La folie Baudelaire, sans majuscule, apparaît à la page 379 de l’essai de Roberto Calasso – presqu’au bout du rouleau. C’est dans une citation de Sainte-Beuve, l’ami patelin qui prend soin de ne jamais soutenir le poète, le grand petit homme de pouvoir célébrant tant d’auteurs médiocres mais n’écrivant sur lui, Baudelaire, rien d’autre que les lignes suivantes : «En somme, M. Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée habitable et par-delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l’Edgar Poe, où l’on récite des sonnets exquis, où l’on s’enivre avec le haschich pour en raisonner après, où l’on prend de l’opium et mille drogues abominables dans des tasses de porcelaine achevée. Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d’une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards à la pointe extrême du kamtchatka romantique, j’appelle cela la folie Baudelaire. L’auteur est content d’avoir fait quelque chose d’impossible, là où on ne croyait pas que personne pût aller.» Lire la suite »
20 piges !
Et donc au programme de ces festivités visuelles et sonores…
Les magnifiques GONNA GET YOURS, les non-moins magnifiques 8°6 CREW et enfin les non-non-moins magnifiques INNER TERRESTRIALS !
Pis à propos de pinard, le lendemain on s’met bien avec PASCAL TOURAIN !
APPARITIONS FANTASTIQUES
Les 24, 25 et 26 novembre 2011 : Colloque international « Apparitions fantastiques, apparitions et disparitions dans la fiction brève (littérature et arts de l’image) » à la Faculté des lettres, langues et sciences humaines, Maison des Sciences Humaines, 5bis boulevard Lavoisier, 49045 Angers.
A signaler notamment la journée du 25 novembre (Amphi G. Tillon) avec la conférence sur « Le Fantastique dans la nouvelle d’expression française des XIXe et XXe siècles« , donnée par René Godenne, invité d’honneur, et les différentes communications sur le thème des apparitions fantastiques chez Maupassant, Gautier, Zola, Villiers de l’Isle-Adam, parmi lesquelles l’intervention de Morgane Leray intitulée « L’apparition du masque : la révélation du néant. Pour une lecture apocalyptique du fantastique de Jean Lorrain« .
Programme complet et informations pratiques.
(info : Jean Lorrain. net)
Lettre de Gustave Flaubert à Louise Colet
Samedi 8 Août 1846.
Je suis brisé, étourdi, comme après une longue orgie ; je m’ennuie à mourir. J’ai un vide inouï dans le cœur. Moi si calme naguère, si fier de ma sérénité, et qui travaillais du matin au soir avec une âpreté soutenue, je ne puis ni lire, ni penser, ni écrire ; ton amour m’a rendu triste. Je vois que tu souffres, je prévois que je te ferai souffrir. Je voudrais ne jamais t’avoir connue, pour toi, pour moi ensuite, et cependant ta pensée m’attire sans relâche. J’y trouve une douceur exquise. Ah ! qu’il eût mieux valu en rester à notre première promenade ! Je me doutais de tout cela ! Quand, le lendemain, je ne suis pas venu chez Phidias, c’est que je me sentais déjà glisser sur la pente. J’ai voulu m’arrêter ; qu’est-ce qui m’y a poussé ? Tant pis ! tant mieux ! Je n’ai pas reçu du ciel une organisation facétieuse. Personne plus que moi n’a le sentiment de la misère de la vie. Je ne crois à rien, pas même à moi, ce qui est rare. Je fais de l’art parce que ça m’amuse, mais je n’ai aucune foi dans le beau, pas plus que dans le reste. Aussi l’endroit de ta lettre, pauvre amie, où tu me parles de patriotisme m’aurait bien fait rire, si j’avais été dans une disposition plus gaie. Tu vas croire que je suis dur. Je voudrais l’être. Tous ceux qui m’abordent s’en trouveraient mieux, et moi aussi dont le cœur a été mangé comme l’est à l’automne l’herbe des prés par tous les moutons qui ont passé dessus. Tu n’as pas voulu me croire quand je t’ai dit que j’étais vieux. Hélas ! oui, car tout sentiment qui arrive dans mon âme s’y tourne en aigreur, comme le vin que l’on met dans les vases qui ont trop servi. Si tu savais toutes les forces internes qui m’ont épuisé, toutes les folies qui m’ont passé par la tête, tout ce que j’ai essayé et expérimenté en fait de sentiments et de passions, tu verrais que je ne suis pas si jeune. C’est toi qui es enfant, c’est toi qui es fraîche et neuve, toi dont la candeur me fait rougir. Tu m’humilies par la grandeur de ton amour. Tu méritais mieux que moi. Que la foudre m’écrase, que toutes les malédictions possibles tombent sur moi si jamais je l’oublie ! Te mépriser ? m’écris-tu, parce que tu t’es donnée trop tôt à moi ! As-tu pu le penser ? Jamais, jamais, quoi que tu fasses, quoi qu’il arrive ! Je te suis dévoué pour la vie, à toi, à ta fille, à ceux que tu voudras. C’est là un serment ; retiens-le, uses-en. Je le fais parce que je puis le tenir.
Oui je te désire et je pense à toi. Je t’aime plus que je ne t’aimais à Paris. Je ne puis plus rien faire ; toujours je te revois dans l’atelier, debout près de ton buste, les papillottes remuantes sur tes épaules blanches, ta robe bleue, ton bras, ton visage, que sais-je ? tout. Tiens ! maintenant la force me circule dans le sang. Il me semble que tu es là ; je suis en feu, mes nerfs vibrent… tu sais comment… tu sais quelle chaleur ont mes baisers.
Depuis que nous nous sommes dit que nous nous aimions, tu te demandes d’où vient ma réserve à ajouter «pour toujours». Pourquoi ? C’est que je devine l’avenir, moi ; c’est que sans cesse l’antithèse se dresse devant mes yeux. Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait vieillard, ni un berceau sans songer à une tombe. La contemplation d’une femme nue me fait rêver à son squelette. C’est ce qui fait que les spectacles joyeux me rendent tristes, et que les spectacles tristes m’affectent peu. Je pleure trop en dedans pour verser des larmes au dehors ; une lecture m’émeut plus qu’un malheur réel. Quand j’avais une famille, j’ai souvent souhaité n’en avoir pas, pour être plus libre, pour aller vivre en Chine ou chez les sauvages. Maintenant que je n’en ai plus, je la regrette et je m’accroche aux murs où son ombre reste encore. D’autres seraient fiers de l’amour que tu me prodigues, leur vanité y boirait à l’aise, et leur égoïsme de mâle en serait flatté jusqu’en ses replis les plus intimes ; mais cela me fait défaillir le cœur de tristesse, quand les moments bouillants sont passés ; car je me dis : Elle m’aime et moi, qui l’aime aussi, je ne l’aime pas assez. Si elle ne m’avait pas connu, je lui aurais épargné toutes les larmes qu’elle verse ! Pardonne-moi ceci, pardonne-le moi au nom de tout ce que tu m’as fait goûter d’ivresse. Mais j’ai le pressentiment d’un malheur immense pour toi. J’ai peur que mes lettres ne soient découvertes, qu’on apprenne tout. Je suis malade de toi. Lire la suite »
L'Ombrelle rouge
Wilhelm JENSEN
L’Ombrelle rouge
suivi de Essai de lecture freudienne par Jean-Bellemin Noël
Jean-Bellemin Noël
Un charme étrange se dégage de ce récit de Wilhelm Jensen, dont la montagne et les ruines d’un mystérieux château forment le cadre romantique. Sur fond d’amour absolu et de poésie, le passé ressurgit chez le narrateur à travers une série de réminiscences parfois teintées de troubles hallucinatoires.
On reconnaît là les thèmes de la Gradiva, du même auteur, œuvre à laquelle Freud consacra en 1907 une remarquable étude. Mais alors que la femme représentée sur un bas-relief de Pompéi bouleversait le cœur d’un timide archéologue cherchant à esquiver une réalité oppressante, ici c’est une jeune fille bien vivante qui occulte l’image d’une autre porteuse d’ombrelle rouge, aimée autrefois, morte à dix-huit ans, et que le héros croyait avoir oubliée…
Ce bref roman constitue une curiosité qui ne manque ni d’authenticité, ni de suggestions sur certains effets ou mécanismes de l’inconscient. Il n’avait jamais été traduit depuis sa parution en 1892. Jean Bellemin-Noël présente au lecteur français et commente, à la lumière de la psychanalyse, ce texte célèbre en son temps mais injustement méconnu.
Wilhelm Jensen est l’auteur de la célèbre Gradiva, œuvre à laquelle Freud consacra en 1907 une célèbre étude.
Poésie anarchiste à Nantes
Crimes et délits
XVe Colloque des Invalides Crimes et délits Le Quinzième Colloque des Invalides aura lieu le vendredi 18 novembre 2011 au Centre culturel canadien (5, rue de Constantine, 75007 Paris, sur le thème « Crimes et délits ». On a accusé la littérature de tous les crimes, et il faut bien reconnaître que les littérateurs ne se sont jamais privés de puiser dans la vaste gamme qui va des actes délictueux les plus bénins jusqu’aux plus atroces assassinats. Certains ne se sont d’ailleurs pas contentés de déchaînements imaginaires : plus d’un s’est laissé aller à des élans répréhensibles qui l’on conduit au fond d’un cachot, voire à la guillotine. De la Gazette des Tribunaux au roman, la route est directe et le Code pénal a opportunément tout prévu, puisqu’il a déjà classé dans ses livres tout ce qui peut faire l’affaire des auteurs de livres : « Livre II : crimes et délits contre les personnes ; livre III : crimes et délits contre les biens ; livre IV : crimes et délits contre la Nation, l’État et la paix publique ; livre V : autres crimes et délits ». Tout un programme que les Invalides traiteront avec le sens de la résistance à l’Ordre qui les caractérise !