Rien à feter
Mois de Mai 2008 : nous n’avons rien à fêter, rien à célébrer ni à commémorer. Au mieux, nous pouvons annoncer la sortie du numéro deux d’Amer, revue finissante. L’hiver a été long et studieux si l’on en croit l’éclosion printanière d’écrits divers et [a]variés. Aussi l’arrivage d’amertume est-il solidaire et non plus solitaire : Chéribibi #8, Mauvaise #2, Le Frisson Esthétique #8, L’Oeil bleu #5… Un vrai travail de bucheron, un massacre écologique organisé par le lobbying sylviculteur, l’anti-nature en marche. Mais comme un fléau en chasse un autre, vous perdez un bout de poumon pour toujours plus de culture. La chienlit on vous dit ! De quoi avoir le béton Amer.
Scripsi n°0
Scripsi et legis in deserto
http://www.remydegourmont.org/sur_rg/rub2/buat/scripsi/index.htm
Domesticisme [5]
Dame Barbara Van Mierris se baignait tous les matins devant un colossal Éthiopien. Par un raffinement de cruauté charnelle, cette ogresse blanche (c’en était une) avait attaché à son service intime cet Africain monumental, Messieurs, oui, ce nègre géant incendié pour elle des plus effrénés désirs. Elle se faisait lacer et chausser par lui ; c’était lui qui la sortait du bain, l’épongeait dans ses peignoirs de duvet de cygne, mais prudemment caleçonné de cuir, le caleçon du martyr, Messieurs, dans lequel cet homme se consumait captif, son désir effroyable gainé dans une geôle. C’est dans l’atmosphère de la plus torturante luxure que cette blonde et grasse Hollandaise s’épanouissait et se fortifiait elle-même contre nos entreprises. Elle vivait, avide d’émotions, dans la perpétuelle angoisse d’un viol et se plaisait à en constater l’éternelle menace. Ce naïf enfant du Désert, avec sa convoitise toujours allumée et toujours brandie sur elle comme un tison, était bien la statue noire de l’insatiable Convoitise… Statue de bronze, Messieurs, dont chacun de ses regards, chacun de ses gestes faisait vibrer le métal et dont elle avait fait le battant de cloche de sa tour d’ivoire, la tour d’ivoire où elle vivait enfermée, gardée par ce désir contre les nôtres, monstrueux pendule de l’horloge de sa chasteté.
Jean Lorrain, Monsieur de Bougrelon.
La pornographie et l’illusoire égalité des sexes
Pornography and illusion of gender equality
La pornographie et l’illusoire égalité des sexes
par Misty Whalen
Même si cela peut surprendre, la popularité (et la généralisation) de la pornographie en Occident, ainsi que la frustration masculine larvée qu’elle favorise, sont en grande partie dues aux mouvements de libération de la femme. Réciproquement, le féminisme moderne doit au moins une part de son succès à l’existence de la pornographie. Ce n’est pas un hasard si, durant les années soixante-dix, alors que les femmes devenaient de plus en plus indépendantes, l’industrie du porno connut une croissance sans précédent. Certes les circonstances ont obligé les hommes à réévaluer leur comportement à l’égard des femmes, mais la contrainte sociale demeure presque impuissante à changer leurs sentiments concernant les femmes. Afin d’être « politiquement correct », un homme peut bien réfreiner certains de ses élans, mais cette retenue dans les actes ne signifie pas pour autant que ses désirs aient disparu. Le porno (au même titre que le sport, les clubs de strip-tease, les films d’action, etc.) est devenu une industrie qui brasse des milliards de dollars parce qu’elle soulage – fût-ce très ponctuellement – des hommes modernes assoiffés de désirs et d’instincts, en les libérant du carcans des conventions sociales. Et ici se joue une tragédie qui touche aussi les femmes : car les hommes posés, sûrs d’eux, qui n’ont ni peur ni honte de leurs instincts, constituent aujourd’hui une espèce en voie de disparition. Parce qu’elle a été condamnée ou désignée comme obsolète au nom de la libération de la femme, la vraie virilité se cache. Devant nous ne demeure qu’une façade qui satisfait notre goût actuel pour l’égalité – un homme juste viril comme il faut, mais pas trop. Un homme que l’on invite à nier ses instincts afin de maintenir l’illusion de l’égalité physique nécessaire à l’existence de la « femme moderne ». Un homme dont l’agressivité instinctive a été domestiquée ou culpabilisée, sur le registre de la soumission et qui, pareil à un gentil chaton domestique observant fasciné un lion à l’affût à la télévision, se languissant du goût du sang, de l’adrénaline et des battements d’un cœur féroce depuis longtemps oublié, doit se remémorer sa nature propre en expérimentant une illusion de puissance. Lire la suite »
ISADORA DUNCAN
ISADORA DUNCAN
Ce soir sur ARTE, un documentaire intitulé : Isadora Duncan, Je n’ai fait que danser ma vie, réalisé par Elisabeth Kapnist, de 22h40 à 23h35 : « Chorégraphe et danseuse adulée dans le monde entier, Isadora Duncan fut une révolutionnaire, refusant les codes sociaux de son temps, affirmant le droit des femmes à être libres, à pouvoir enfanter hors mariage, à mener une vie indépendante. Toute sa vie fut un combat pour la liberté, la sienne mais aussi celle des autres. A bien des égards pourtant, son existence fut une longue suite de tragédies : la mort de ses enfants, noyés dans la Seine, sa passion destructrice pour le poète Sergueï Essenine, sa propre mort spectaculaire, étranglée par une écharpe enroulée à la roue d’une Bugatti. Bill T Jones, Carolyn Carlson, Boris Charmatz, Kathleen Quinlan et Elizabeth Schwartz évoquent cette pionnière de la danse moderne. »
Bien entendu la police éponyme de la revue finissante, Amer, lui est dédiée !
Nietzsche News Center (NNC)
Voici l’actualité nietzschéenne passée au crible par le NNC :